« Pourquoi l’escalade dans le Yosemite est-elle si singulière ? Pourquoi y a-t-il une technique, un matériel et une éthique particuliers ? C’est la nature même du rocher qui donne la réponse. Il n’existe pas d’endroit au monde où le rocher est plus lisse, plus poli par les glaciers, plus dépourvu de prises. Toutes les lignes d’escalade suivent des systèmes de fissures verticales. Chaque fissure pitonnable, chaque prise est verticale. Les techniques et le matériel ont évolué par nécessité absolue ». 1963 – Yvon Chouinard
Le Yosemite…. ses fameuses fissures, le trad et son matos, Camp 4, les ours, les taquets horribles, les rangers…mythique
La vue de la vallée depuis tunnel view. Tout est raide, grand mais très accessible, pas de neige, pas de téléphérique. Topo en main tu suis les lignes depuis les prairies.
Ici c’est le pays de l’ours brun, impossible de l’oublier tant il y a d’information pour sa sauvegarde. 5000 $ d’amende si on le nourrit, même pour un tube de dentifrice oublié dans la voiture. Au Visitor Center, les films des ours en train de démonter les voitures motivent à utiliser les bear box.
Le rocher est hyper-lisse et oblige presque toujours a n’utiliser que la fissure pour les mains et les pieds. Tant que la fissure est fine, les doigts ou la main se coincent, plus large ça se complique et ça devient très physique. Tu ne serres plus les prises, tu es dans la prise….
Death Crack à Pleasure Dome au dessus du lac Tenaya. Tu coinces même les cuisses
Les premiers jours on est allé grimper dans les différents secteurs de couennes de la vallée: Church, Cookie Cliff et Red Pinnacles. Ces falaises regorgent de classique en 5.8, 5.9 et 5.10.
Fish Crack à Cascade area sur la Hy 140. Verrou confort, crochet de pointe, pas de bloc sur knob.
Sa voisine « Crimson Cringe » pose plus de soucis. Ne pas oublier le strap.
« cosmic debris » 5.13 est une fissure à doigts d’une quinzaine de mètres, toujours à l’ombre, dans un mur jaune déversant au dessus d’une petite vire. Elle s’atteint après une quarantaine de mètres de jumard sur des stats. Au dessus des arbres la vue sur la vallée est sympa
Dean Potter en solo dans Heaven
Direction Glacier Point pour essayer « Heaven » 5.12d. Une fissure à mains et à poings dans un gros panneau déversant qui surplombe toute la vallée avec une vue magnifique sur le Half Dome. Les protections sont faciles à mettre en place.
Cette voie, ouverte par Ron Kauk, est assez mythique surtout depuis qu’Alex Honnold la flashée en solo.
Gullich dans separate
Le lendemain: Separate Reality. Incontournable et pour cause. Les photos de Ron Kauk après la first ascent puis surtout celle de Gullich en solo ont fait et font encore le tour du monde. On accède à la voie par un petit rappel. on est alors sur une vire suspendue une centaine de mètres au dessus de la Merced River. Les derniers mouvements sont un peu teigneux et hasardeux…alors en solo….
Les jours de repos, on profite de la chaleur pour aller grimper à Tulomee Meadows. C’est le grand plateau qui domine la vallée du yosemith. Fôrets, lacs, dômes de granite, le tout à 3000m d’altitude. On se fait des classiques faciles de 200 à 300m sur un rocher parfait, plus adhérent qu’au Yose, avec plus de knobs.
« West Crack » à Daff Dome, « South Crack » ou « The Great White Book » à Pleasure Dome. C’est du trois étoiles en 5.6, 5.7, ou 5.8 dans une ambiance qui rappelle un peu le Grimsel en Suisse. Le topo est super bien fait, sans galère sur les accés ou les descentes. Il y a le choix entre des voies en fissure ou des voies en dalle à friction qui sont alors assez « run out »… Nb: les campings de Tulommee ferment le 15 sept.
Un soir, visite à » Love Supreme » 5.13, fissure à doigt déversante qui raye la face d’un gros bloc isolé. La présence des Knobs permet de sortir un peu les pieds de la fissure mais elle explose aussi les mains.
Une belle voie des années Edlinger-Kauk-Gullich.Très étonnant qu’elle ne soit pas plus connue des grimpeurs locaux. Beth Rodden n’en a jamais entendu parlé alors qu’elle habite là !
Sur le retours, on fait un stop pour »Broken Arrow » 5.13, une classique. L’endroit est magique avec une marche d’approche somptueuse. le mur est rayé de coulées noires super esthétiques. Le pas dur, sur réglettes, un peu morpho sur une inversée est protégé par deux spits.
Par contre la fissure de départ ne se protège qu’avec des petits nuts et des aliens. L’éthique américaine est plus élastique qu’en Angleterre. Au peak, les deux spits n’auraient jamais été posés malgré le risque de chute au sol….
Pour continuer à profiter , on va faire quelques une des fameuses classiques de la vallée. Serenity Crack à Royal Arches. La première longueur dans des » pines scare » est un peu déroutante mais après un régal. A faire plutôt le soir, il y a moins de monde et on profite du coucher de soleil dans le fond de la vallée.
Plus dure mais vraiment à faire , quitte à faire L2 en tirant un peu aux friends, Hot Line à Elephant Rock à l’entrée de la vallée, en face de cookie. Ce n’est pas la fissure que vous voyez depuis la route mais celle juste à sa gauche. La troisième longueur est hallucinante. 30m de fissure à main 5.10, parfaite, interminable. Probablement une des plus belles longueurs que j’ai vue dans cette difficulté.
Le soir on va se faire des petites sessions de blocs. Midnight lightening, bien sur avec le fameux tag en forme d’éclair, fait à la magnésie et entretenu depuis près de 30 ans et qui symbolise quasiment à lui seul l’escalade libre dans cette vallée. Après « d’où tu viens ? » c’est la deuxième question que te posent les locaux « t’as fais midnight ? » .
Tommy Caldwell pose son run, avec en autre Alex Honnold et Jonathan Siegrist à la parade. Une partie de l’équipe qui va mettre le siège dans le « tommy project ».
Dès qu’on séloigne du camping, c’est beaucoup plus calme, il n’y a quasiment plus personne dans les blocs autours de Camp 4. Pourtant il y a quelques bases par exemple « the force » et » Bruce Lee ».
Dans « the force » on rencontre Lonnie, un des fils de Ron Kauk (il a 5 enfants !). Sa mère est une « native » originaire de la vallée. Sa grand-mère est en photo au musée en train de tisser. Ils nous racontent des anedoctes assez sympa sur son père et sur la vallée.
un autre soir, on retrouve Lonnie au pied de « Big Air » un king boulder de 6m ouvert par Dean Potter avec un jeté en haut. Son père passe par là faire quelques photos et des roues arrières en VTT dans les sous-bois. Ionnie nous explique en se marrant que son père est toujours aussi hippie. Lui, il est plutot triple back flip en snowboard, saut en motoneige à bloc et méga pick-up. Il traîne dans pas mal de vidéo tournée au Canada.
Les autres secteurs de bloc, autours de l’hotel, Candyland ont des passages magnifiques de tout niveau. Pour beaucoup on a besoin d’un crash pad. Pas facile quand on vient en avion avec le matos de camping, de grimpe, les friends etc…En cherchant un peu on trouve pas mal de bloc pour s’entrainer pour les cheminées, les fissures larges
Les fameuses fissures larges de Arch rock. Faut se battre pour avancer de quelques centimètres, la pose des protections devient plus compliquée.
Knobby wall, panneau couvert de konbs,deversant à droite de la route juste avant d’arriver à Cookie Cliff. Au centre du mur une ligne avec des mouvements bien puissants sur de belles prises et des spits (ça repose des fissures). J’apprendrais plus tard que j’ai probablement fait une First Ascent d’un vieux projet (étonnant quand on voit les bloqueurs du coin). Une first au Yose, sympa quand même non ? je pense que c’est un 5.14 b. « clarette de die ».
Maintenant direction la Patagonie, il parait qu’il y a aussi quelques fissures…